Médecin engagé, le Dr Frédéric Tryniszewski préside une Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) et assure la direction médicale d’un Service d’Accès aux Soins (SAS).
Il œuvre au quotidien pour décloisonner les pratiques entre ville et hôpital, au service d’un parcours de soins fluide et coordonné.
Son action s’ancre dans une vision pragmatique, collaborative et profondément territoriale de la santé.
En tant que médecin généraliste libéral et président de CPTS, quelles sont selon vous les principales attentes ou besoins des professionnels de ville vis-à-vis de l’hôpital pour mieux coopérer au quotidien ?
Les professionnels attendent principalement une communication efficace.
Il s’agit pour eux de disposer des informations sur les admissions et sorties de leurs patients, le plus en amont possible, afin d’anticiper leur reprise en charge.
En sortie d’hospitalisation, la lettre de liaison est particulièrement attendue. Elle accompagne le patient à sa sortie, alors que le compte rendu d’hospitalisation est transmis à distance (environ 1 mois).
A l’inverse l’hôpital exprime surtout le besoin de connaître l’équipe de soins habituelle du patient afin de bien l’informer.
Quels sont les freins qui vous semblent encore trop présents dans la relation ville-hôpital ? Et comment une organisation territoriale comme une CPTS peut-elle contribuer à les dépasser ?
L’absence ou le délai d’opérabilité des outils de coordination décourage les professionnels, qui ne trouvent pas d’autre canal pour se faire connaître auprès des acteurs hospitaliers. En l’absence de canal de transmission, ils ne peuvent logiquement pas réceptionner les informations concernant leur patientèle en retour.
Par ailleurs, la non identification de référents hospitaliers est très handicapante pour les professionnels. Lorsqu’il n’y a pas d’interlocuteur direct identifié à l’hôpital, même transverse, les professionnels de ville ne savent pas vers qui se tourner. Par exemple, le bed manager pourrait représenter cette personne ressource.
Enfin, la structuration des mondes ambulatoires au travers des CPTS, et hospitaliers, avec les GHT, a permis une bijectivité source d’efficacité. D’une part, elle rationalise les échanges entre les acteurs. D’autre part, elle équilibre la relation et le niveau d’interaction entre les professionnels de la ville et de l’hôpital.
Avez-vous un exemple concret de partenariat réussi entre votre CPTS et un ou plusieurs établissements hospitaliers ? Qu’est-ce qui a permis cette réussite ?
C’est d’abord au travers de la CPTS que nous parvenons à favoriser l’appropriation et la diffusion des outils numériques de coordination.
De plus, notre CPTS travaille avec l’hôpital sur des filières d’accès directs par type de prise en charge.
A titre d’exemple concret, nous avons développé, entre la CPTS de Mulhouse agglomération et l’hôpital de Pfastatt, l’accès à une expertise gériatrique hospitalière et à une prise en charge directe pour les patients avec mais surtout ceux sans médecins traitants. Le gériatre référent assure l’évaluation et le suivi du patient, ainsi que les interactions avec les professionnels de ville (prescriptions, suivi, disponibilité en cas d’évolution défavorable de la situation du patient). Dans une zone avec 30 000 patients sans médecin traitant (10% de la population), un tel partenariat permet d’éviter des situations très dégradées dues à l’isolement des professionnels paramédicaux.
Ce qui a permis cette réussite ?
- La reconnaissance de la CPTS parmi les instances de gouvernance de l’hôpital de proximité (Directoire, conseil de surveillance, CME…) ;
- L’implication de l’hôpital de proximité dans le conseil d’administration de la CPTS ;
- La bonne connaissance des acteurs des deux parties.
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