Dans le sillage du Ségur de la Santé, des centaines de millions d’euros sont investis pour moderniser les établissements sanitaires et médico-sociaux. Une opportunité historique, certes, mais aussi un risque : celui de projets mal calibrés, mal compris ou mal vécus par ceux qui devront les faire vivre.
Trop de projets immobiliers restent encore conçus comme des réponses techniques et spatiales, avant d’être des outils au service d’une vision de santé partagée.

Chez ADJ Partenaire, nous accompagnons des établissements dans des contextes variés – urbains, ruraux, ultra-marins – et une constante se confirme : les projets immobiliers réussis sont ceux qui partent du projet stratégique médico-soignant.

Les 4 pièges fréquents d’un projet immobilier mal arrimé

• Des surfaces sur ou sous-dimensionnées, faute d’avoir bien anticipé l’évolution des besoins et des activités ou les coopérations territoriales à venir.
• Une appropriation difficile par les équipes, qui n’ont pas été associées en amont et vivent le changement comme un « déménagement » subi plutôt qu’une transformation attendue.
• Un outil inadapté aux parcours de soins réels, trop centré sur la logique de filières internes et pas assez sur l’interprofessionnalité ou les liens avec le reste de l’écosystème (ville, médico-social, social).
• Des surcoûts ou des délais liés à des modifications tardives, parfois à quelques mois de la livraison, car les besoins ont été mal cadrés dès le départ.

Un projet immobilier, c’est d’abord un projet stratégique

Un projet immobilier engage une organisation pour plusieurs décennies. Il doit donc s’ancrer dans une vision claire de :

• La population à servir (évolution démographique, précarité, vieillissement…),

• La place de l’établissement dans son territoire (CPTS, DAC, GHT, GCSMS…),

• Les modes d’exercice à venir (pluridisciplinarité, télémédecine, consultations avancées, hôpital hors les murs…),

• Les attentes des usagers,

• Et surtout, le cadre de vie et de travail souhaité pour les équipes.

Autrement dit, le bâtiment doit servir un projet de santé, pas l’inverse. Souvent, il renvoie à un projet médical ou médico-soignant écrit avant que les murs ne soient envisagés, dans un autre contexte. Même si un projet médico-soignant existe, il est crucial de reprendre la réflexion à la lecture d’un projet de futur bâtiment et d’ancrer la réflexion dans le territoire et vers les usagers.

Ce projet médico-soignant s’appuyant sur une bonne compréhension des besoins et de leurs évolutions, ainsi que sur une vision claire du positionnement stratégique de l’établissement, permettra de définir les volumes d’activités et les organisations à concevoir en conséquence.

Concrétiser la vision stratégique en programme fonctionnel

Ces éléments définis pourront ainsi, lors de la programmation architecturale, trouver des réponses contrastées sur le plan fonctionnel, en mettant en avant les avantages et les inconvénients de chacune des solutions : regroupement par typologie de prise en charge, par typologie technique, par discipline, organisation par rythme d’évolution des espaces (pérenne ou soumis à des rythmes élevés de modification), …

Penser flexibilité pour des hôpitaux s’adaptant aux évolutions dans la durée

Disposer d’hôpitaux flexibles pour l’avenir permet de répondre à des injonctions contradictoires :

Le temps long, pour un bâtiment fonctionnant sans profonde restructuration pendant 25 à 30 ans

Étant donné le temps des études et du chantier d’un objet complexe comme un hôpital, cela revient à anticiper dès aujourd’hui des espaces pour les 35 à 40 prochaines années.  

Le temps court, celui des évolutions des pratiques médicales et de technologies de la santé

Le défi est de taille car l’exercice est double pour répondre aux enjeux à court terme. Il s’agit d’une part, pour les équipes, de se projeter dans des organisations renouvelées grâce à la comparaison avec d’autres sites et les connaissances de nouvelles pratiques et tendances, et d’autre part, de prévoir un dispositif immobilier flexible, adaptable, qui puisse intégrer des évolutions d’aménagement, prévisibles ou non.

Illustration : Futuna, un projet repensé à l’endroit

Sur l’île de Futuna, l’Agence de Santé a souhaité inscrire la reconstruction de son hôpital dans une logique profondément partenariale et adaptée aux réalités locales. ADJ Partenaire, en lien étroit avec le programmiste EMBASE, a accompagné l’équipe de Direction dans les étapes suivantes :

• L’élaboration d’un Schéma territorial de santé co-construit avec les professionnels et les partenaires,

• L’identification d’objectifs médico-soignants spécifiques à l’insularité et à l’éloignement des plateaux techniques,

• La traduction de ces objectifs en besoins spatiaux réalistes et pertinents, et en organisations soignantes.

Résultat : un programme fonctionnel adapté aux enjeux réels du territoire et aux besoins à venir de la population, un projet porté collectivement, et un futur hôpital perçu par les partenaires et les équipes non pas comme une « infrastructure imposée » mais comme un outil partagé de transformation de l’offre de santé.

Les ingrédients d’une démarche solide

Pour que le projet immobilier soit un levier stratégique, voici quelques étapes clés à ne pas sous-estimer :

• Démarrer par un diagnostic partagé du territoire et des organisations de soins.

• Fédérer les acteurs (hospitaliers, ville, médico-social, usagers) autour d’un projet de santé ambitieux mais réaliste.

• Traduire les choix stratégiques en besoins organisationnels, puis spatiaux.

• Articuler le travail de conception stratégique et le travail programmatique.

• Prévoir une conduite du changement progressive, incluant les formations, les simulations d’usage, les parcours test…

En synthèse : bâtir sur du sens, pas sur du vide

Les financements du Ségur ont ouvert des perspectives inédites. Mais le temps du béton ne doit jamais précéder celui de la vision.
Ce que Futuna nous enseigne – et que d’autres territoires expérimentent également – c’est qu’un bâtiment bien conçu ne se mesure pas à sa surface ou à sa modernité, mais à sa capacité à incarner un projet de santé collectif et porteur de sens.

Vous portez un projet immobilier ?

Et si vous commenciez par le projet de santé ? Chez ADJ Partenaire, nous croyons à la force du collectif et à la solidité des démarches ancrées dans les réalités humaines et territoriales. Parlons-en ici.

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