3 questions à Stanislas Johanet, facilitateur des dynamiques médicales

24 avril 2025 · 2 minutes de lecture

Stanislas est médecin anesthésiste de formation, consultant et facilitateur des dynamiques médicales. Au cours de sa carrière, il a accompagné de nombreux projets pour lesquels l’implication de la communauté médicale était indispensable. Il nous partage sa vision des leviers de la mobilisation médicale sur le sujet crucial de la Gestion des lits et des parcours.

La gestion des lits renvoie à un ensemble de processus organisationnels étroitement liés les uns aux autres, qui semblent souvent reposer principalement sur l’encadrement paramédical. Quels sont les risques d’une telle polarisation du pilotage de la gestion des lits ?

La gestion des lits ne se résume en effet pas au seul placement des patients depuis les urgences, mais bien à la meilleure utilisation des capacités d’hospitalisation disponibles, qu’il s’agisse de l’activité programmée ou non programmé.

Ainsi, la bonne utilisation du « trésor » que représentent les lits d’hospitalisation traditionnelle est fortement dépendante de la décision médicale. Le risque est donc qu’une démarche n’impliquant pas la dimension médicale ne permette pas de poser les bonnes questions quant aux enjeux des parcours et du capacitaire.

D’abord celle de l’indication d’une hospitalisation programmée : est-elle réellement indispensable ? Ne peut-on assurer les mêmes soins en hôpital de jour ou en consultations itératives ?

Ensuite c’est la prescription médicale qui fixe une durée de séjour devant, le plus possible, répondre à des objectifs (Durée prévisionnelle de séjour) et non au « on verra quand tout le bilan sera terminé »…

Enfin, plus stratégiquement et au regard des meilleures pratiques pour les patients, c’est à chaque équipe médicale d’évaluer régulièrement son besoin capacitaire en lits pour accueillir les hospitalisations programmées inévitable

Concrètement comment médicaliser davantage la gestion des lits ?

Même lorsqu’elle est habilement conduite par une cellule ad hoc, la gestion de l’utilisation des lits est trop souvent vécue par les services de spécialité comme une contrainte voire une menace, résultant d’impératifs économiques.

La présence effective d’un praticien au sein des cellules de gestion des lits, formalisée par une décharge significative de soins, pourrait être un investissement de nature à faire mieux comprendre l’intérêt d’une optimisation du capital-lits sur la qualité des soins et même les conditions de travail, y compris médicales. dans les services de spécialité.

En outre, des bilans réguliers, fondés sur des indicateurs comparatifs reconnus, intégrés aux contrats de pôle ou de service et présentés régulièrement en réunion de service et CME, contribueraient à sensibiliser la communauté médicale sur l’intérêt de s’associer à cet enjeu collectif.

Quelles seraient selon vous les composantes d’une « stratégie médicale pour la gestion des lits et des parcours » pour l’avenir ?

L’hyperspécialisation médicale croissante fait que ni un praticien, ni  un soignant, ne peuvent être compétents ou simplement appétent pour prendre en charge le « tout venant » post-urgence dont l’état ne nécessite jamais qu’un simple hébergement.

Reconnaitre cet état de fait doit conduire la communauté médicale et soignante à réfléchir à une adaptation qualitative de l’offre en lits pour tenir compte de l’évolution prévisible de la demande et ne pas la subir. Par exemple, ne vaut-il pas mieux disposer d’unités de plus petite taille mais exclusives d’une ou deux spécialités mutualisées afin de redéployer des lits permettant d’augmenter les capacités d’accueil en médecine post-urgence ? Cette réflexion doit être conduite en tenant compte à la fois de la taille de l’établissement et de son positionnement, ainsi que des besoins estimés à l’issue d’une concertation entre les praticiens. Autant préparer maintenant cet avenir très prévisible…

En tout état de cause, l’implication médicale dans la gestion des lits, présente dès la décision d’hospitalisation, doit se développer dans les cellules de gestion des lits et conduire à une réflexion prospective sur l’offre qualitative en lits de leur établissements.

Découvrez l’intégralité de notre article sur les leviers d’une approche rénovée de la gestion des parcours post-urgences : Prise en charge post-urgences : il est urgent de changer d’approche ! – ADJ Partenaire

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